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EGLISE CATHOLIQUE LIBERALE


Province de France, de Suisse Romande


et d'Afrique Francophone

 

Icônes mariales de l’Eternel Féminin

Par Mgr François Seyfried



            Introduction

 

 

            Les Fêtes Mariales dans le Calendrier Liturgique

            Petite Histoire de la Fête de l’Assomption

            Quelques Aspects de l’Environnement Astrologique et Mythique de la Fête de

            l’Assomption

 

 

 

            Premier Chapitre: Marie selon le Catéchisme Exotérique

 

 

            Le Dogme de l’Assomption

            La Filiation du Dogme de l’Assomption:

 

                            l’Immaculée Conception,

                            le Péché Originel,

                            le Dogme de la Création,

                            le Dogme de la Rédemption,

                            le Dogme de l’Incarnation.

 

            Le Privilège de la Maternité Divine

            Les deux autres Privilèges de Marie:

 

                            l’Exemption de la Concupiscence et de tout Péché Personnel,

                            la Virginité Perpétuelle de Marie.

 

 

 

            Deuxième Chapitre: Marie selon la Tradition Esotérique

 

 

 

            Portrait Apocryphe de Marie

            Les Antécédents de Marie

            La Personnalité de Marie envisagée sous l’angle de l’anthropologie immanentiste

            Initiation de Marie à la Maîtrise

            Le Fait de Marie

            Le Secret de la Virginité de Marie

            Marie parmi les Initiés (les Justes) de l’Ancien Testament

            Marie, Nouvelle Eve, Mère du Genre Humain

            Marie, Mère de Dieu

            Mariologie et Christologie

            Dieu-la-Mère

            Marie, Divine Epouse

            Marie, Siège de la Sagesse

            Marie, Mère du Monde

            La Trinité conjuguée



























             Chaque année, au zénith de la saison estivale, l’Eglise célèbre solennellement dans le monde entier la Fête de l’Assomption de Marie qui, en couronnant le cycle marial, annonce tout en marquant d’un dernier éclat avant celui du festival sacré de la Toussaint, l’acheminement vers la fin de l’année liturgique.

 

            les Fêtes Mariales dans le Calendrier liturgique

 

            Avant la Réforme de Vatican II, le calendrier officiel de l’Eglise Catholique Romaine honorait une quinzaine de Fêtes Mariales, dont cinq seulement se rapportant directement à un évènement biographique de Marie relaté dans le Nouveau Testament.

 

            Les dix autres, pour certaines variant de date et de titre d’un pays à l’autre, avaient trait soit à des faits légendaires ou apogryphes, soit se rattachaient à des évènements historiques considérés par la tradition populaire comme plus ou moins miraculeux et attribués à l’intervention directe de Marie.

 

            Le Missel actuel de l’Eglise Romaine a maintenu pour 97 les fêtes mariales suivantes:

 

            La Maternité Divine 01 Janvier, l’Annonciation 25 Mars (reportée au 07 Avril), la Visitation 31 Mai, Notre-Dame du Carmel 16 Juillet, l’Assomption 15 Août, La Vierge Marie, Reine 22 Août, la Nativité de Marie 08 Septembre, Notre-Dame des Douleurs 15 Septembre, Notre-Dame du Rosaire 07 Octobre et l’Immaculée Conception 09 Décembre.

 

            Ce sont uniquement cinq commémorations à caractère historique que notre Eglise a adoptées dans son calendrier, à savoir la Purification (Chandeleur) 02 Février, l’Annonciation 25 Mars, la Visitation 02 Juillet, l’Assomption 15 Août et la Nativité de Marie 08 Septembre.

 

            Petite Histoire de la Fête de l’Assomption

 

            Dans le panorama chrétien, la Fête de l’Assomption commence à s’établir et à s’étendre en divers lieux tant dans l’Eglise latine que grecque dès le cinquième siècle.

 

            En Orient on célèbre depuis le sixième et à Rome depuis le septième siècle la fête de “la Dormition de Marie”, probablement  la plus ancienne  des célébrations en son honneur.

 

            A peu près à la même époque, la Fête de l’Assomption sera imposée dans tout l’Empire Romain par l’Empereur d’Orient, Maurice (Flavius, Mauritius, Tiberius 582/602)

 

            En France, par exemple, le Roi Louis XIII rendit la Fête de l’Assomption encore plus célèbre qu’elle ne l’était déjà par l’offrande solennelle qu’il fit, en 1638, de sa personne, de sa famille et de son Royaume à la Glorieuse Vierge Marie.

 

            Par ce geste, le Souverain voulait remercier la Mère de Dieu de toutes les faveurs qu’il avait reçues de sa bonté et pour obtenir par son intercession un dauphin à la France, qui a été son fils, Louis XIV.

 

            On fit dans cette intention des processions dans toutes les Paroisses du Royaume et cette institution s’est perpétuée jusqu’à nos jours.

 

            Quelques aspects de l’environnement astrologique et mythique de la Fête de l’Assomption

 

            Par rapport à la course du Soleil, emblème de la Divinité, nous nous trouvons le 15 Août à mi-chemin entre le Solstice de l’Eté et l’Equinoxe de l’Automne.

 

            La date choisie pour la célébration de l’Assomption occupe donc sensiblement la station médiane de la trajectoire estivale du Soleil dans le signe royal du Lion, foyer duquel le Divin Luminaire dispense ses rayons les plus éclatants de lumière et de chaleur.

 

            Aussi, devant le spectacle de la volupté d’une nature luxuriante en plein mois d’Août, notre Âme, au tréfonds de sa féminité intérieure, perçoit-elle d’instinct le mystère propre à l’Assomption.

 

            Le Soleil au plus fort de son feu viril embrase alors comme Epouse la Terre entière; Marie glorifiée entre dans la plénitude de son être; Terre et Ciel ne font plus qu’un dans le Divin Brasier.

 

            Sur le plan de l’art figuratif, certains peintres de renom ont représenté l’Assomption de Marie en la peignant comme une scène de ravissement à l’image de l’ancien mythe de l’enlèvement des mortels par les dieux.

 

            On retrouve sans peine trace de ce souvenir archétypal dans le style même de la  formulation retenue par l’Eglise Romaine pour traduire l’apothéose de l’Assomption: “Marie a été élevée en Corps et en Âme dans le Ciel”.

 

            L’être arraché ainsi de force, corps et Âme, à son séjour terrestre, est soustrait au phénomène du déclin de l’existence, dégradation illustrée astronomiquement par la lente descente du Soleil automnal vers les froidures de l’Hiver.

 

            A ce sujet, il convient de noter ici une certaine concordance entre le concept religieux de l’Assomption et celui mythologique du rapt de certains personnages de l’histoire grecque et romaine, tels que Proserpine, Hélène ou Psyché.

 

            La Bible relate également deux phénomènes similaires de disparitions mystérieuses et spectaculaires d’Hommes de Dieu, notamment celle du Patriarche Hénoch ainsi que celle du Prophète Elie.

 

            De Hénoch il est dit dans le Livre de la Genèse qu’ « il marcha avec Dieu, puis il disparut; car Dieu l’avait pris » (Gen. 5/24)

 

            En ce qui concerne Elie, l’Ancien Testament dans le deuxième Livre des Rois nous livre quelques détails sur son ascension au Ciel.

 

            « Comme Elie et Elisée, son disciple, marchaient tout en parlant, voici qu’un char de feu et des chevaux de feu les séparèrent l’un de l’autre, et Elie monta au Ciel dans la tempête » (2 Rois 2/11)          

 

            Le Dogme de l’Assomption

 

            Le nouveau Catéchisme Romain définit le Dogme de l’Assomption comme suit:

 

            “La Vierge immaculée, préservée par Dieu de toute atteinte de la faute originelle, ayant accompli le cours de sa vie terrestre, fut élevée corps et Âme à la Gloire du Ciel et exaltée par le Seigneur comme Reine de l’Univers pour être ainsi plus entièrement conforme à son Fils, Seigneur des Seigneurs, victorieux du péché et de la mort”.

 

            Le dogme, en principe, est une proposition de foi dont la formule définit les vérités générales et fondamentales du Christianisme que le Magistère de l’Eglise enseigne comme révélées par Dieu.

 

            Pendant les premiers siècles de ses deux mille ans d’histoire, l’Eglise a traversé une période d’intense activité de discrimination intellectuelle face aux divergences doctrinales inévitables voire salutaires en pareille situation de confrontation entre les cultures en présence.

 

            C’est pourquoi les différents dogmes ont à peu près toujours été proclamés contre certaines thèses héritées de la philosophie de l’Antiquité et considérées comme hérétiques aux yeux des Pères de l’Eglise.

 

            Ainsi, en vertu de ses propres critères les penseurs de l’Eglise naissante ont été amenés  à rejeter certains parmi les nombreux écrits en vogue, dont les Apogryphes par exemple, pour n’en retenir que quelques uns, notamment les Libres Bibliques de l’Ancien et du Nouveau Testament, en déclarant qu’ils ont été inspirés par le Saint Esprit.

 

            Ensuite, les Théologiens ont interprété ces textes pour en tirer les vérités formalisées dans les Dogmes.

 

 

            La formulation de tournure plus poétique que rationnelle du Dogme de l’Assomption, comparable au langage de la parabole, cache son secret derrière le voile de l’image ou du symbole.

 

            Pour en percevoir le message sous-jacent, il nous faut recourir davantage  au trésor d’imagination de la dévotion dont le peuple chrétien a, depuis les origines, chargé dans son imaginaire l’image de Marie, Mère de Dieu.

 

            En l’occurrence, il ne s’agit nullement de savoir si nous sommes en présence d’un fait fondé matériellement et historiquement, mais plutôt de laisser imprégner notre Âme par la présentation sous le couvert du mythe, d’un évènement spirituel qui échappe au pouvoir  d’observation limité de nos sens.

 

            Dans ce climat mystique, les Anciens, antérieurement à la cristallisation dogmatique de l’Assomption,  en avaient conçu le beau tableau de “la Dormition de Marie”.

 

            En occultisme, le mythe n’est pas entaché de la connotation péjorative dont l’affuble habituellement et faussement le sens commun.

 

            Au contraire le style de la fable, conformément à la loi de l’analogie et des correspondances, supplante en réalisme le contenu sensible de nos perceptions et expériences de la vie ordinaire. Inversement, se sont davantage ces dernières qui perdent la qualité du réel au sens ésotérique du terme.

 

 

La filiation du Dogme de l’Assomption

 

            La doctrine de l’Assomption de Marie ne fut érigée en dogme que tardivement, le 01 Novembre 1950 par le Pape Pie XII, proclamant que Marie, à sa mort, a été élevée en Corps et en Âme à la Gloire Céleste.

 

            Un long et laborieux travail d’élaboration a précédé cet acte officiel du Magistère, d’une part, pour des raisons de dialectique théologique et, d’autre part, à cause des incidences de portée oecuménique.

          

            L’Immaculée Conception

 

            Dans la cohérence doctrinale de la Théologie Romaine, le Dogme de l’Assomption présuppose en prémisse celui de l’Immaculée Conception, proclamé le 08 Décembre 1854 par le Pape Pie 9 dans les termes suivants:

 

                        “La Bienheureuse Vierge Marie a été, au premier instant de sa conception, par une grâce et une faveur singulière du Dieu Tout-Puissant, en vue des mérites de Jésus-Christ Sauveur du genre humain, préservée intacte de toute souillure du péché originel”.

 

            Dès le septième siècle, dans l’Orient grec d’après un récit du Protévangile de Jacques, on trouve une fête de la “Conception de Sainte Anne”, c’est-à-dire de la conception passive de Marie. Cette fête se répandit par la suite dans l’Italie, l’Irlande et l’Angleterre, sous la dénomination de “Conception de la Bienheureuse Marie Vierge”.

 

            Jean Duns Scot (=1308) prend parti résolument, contre l’Ordre dominicain, pour le dogme et la fête de l’Immaculée Conception ainsi que le Concile de Bâle en 1439 et le Pape Sixte IV (1471/1484).

 

            Le Concile de Trente inséra dans son décret relatif au Péché Originel, cette importante déclaration que ce n’était pas dans son intention d’y inclure la Bienheureuse et Immaculée Vierge Marie, Mère de Dieu.

 

            Dans l’optique commune à ces deux dogmes, l’Assomption est donc au terme de la vie terrestre de Marie, le répondant de ce qu’est l’Immaculée Conception à son origine.

 

            Marie a été préservée, d’une part, de la souillure du péché originel, et, d’autre part, d’une de ses conséquences,  la corruption du tombeau.

Suivant

            Le Péché Originel

 

            En pure logique théologique, l’argumentation des deux Dogmes qui encadrent la carrière terrestre de Marie, celui de sa Conception Immaculée ainsi que celui de son Assomption, repose sur un autre Article de Foi, le Dogme du Péché Originel, illustré par la chute du premier Couple humain.

 

            En théorie, le Péché Originel survenu, d’après le récit biblique de la Création, au moment de l’apparition de la race humaine, est à la base de l’Anthropologie Chrétienne, autrement dit de la conception de l’Homme et de son rôle à l’intérieur de l’Economie du Salut du Monde, telle que l’enseigne le Magistère Romain.

 

            Cette thèse de l’état primitif de l’Homme et de sa chute due au péché de l’ancêtre de la race humaine, peut se résumer comme suit;

 

            “Le monde dans lequel Dieu se révèle est oeuvre divine; il est bon, ordonné et élevé à une fin surnaturelle. Mais il est aussi oeuvre humaine, car Adam, le premier Homme, a perdu par le péché commis au Paradis terrestre les dons surnaturels et préternaturels qui lui avaient été accordés. Ce péché est devenu par héritage le Péché de toute l’Humanité. A cause de lui, l’Homme a besoin de Rédemption, car il est coupable aux yeux de Dieu et il faut un Rédempteur qui fournisse à Dieu l’expiation due par l’Humanité”.

 

            Cette problématique du Péché Originel s’inscrit elle-même dans un ensemble conceptuel plus vaste qui en expose les tenants et les aboutissants suivant  un enchaînement rigoureux dans l’exposé de la trilogie “Création, Incarnation et Rédemption”.

 

            Le Dogme de la Création

 

            Dans le domaine de la Création, la Théologie classique distingue deux questions principales: celle de l’Acte Créateur de Dieu et celle de la Création de l’Homme.

 

            Dieu a créé de rien le Monde entier, visible et invisible, qui est distinct de Lui; Il en est donc la cause unique et absolue. Il a créé le Monde non pas de toute éternité, mais à l’origine du temps sans être limité par rien. En conséquence, entre la matière et l’esprit, il y a une différence essentielle.

 

            En ce qui concerne la Création de l’Homme, le composé humain, corps et Âme, a été créé par Dieu à son image. L’anthropologie de l’Eglise Romaine exlue tout dualisme qui situerait les deux éléments constitutifs de l’Homme, corps et Âme, dans un antagonisme (la conception platonicienne). Ils sont au contraire substantiellement unis dans une même nature (la conception aristotélicienne).

 

            La thèse “créationniste” résultant d’une interprétation littérale du récit biblique du début du Livre de la Genèse concernant l’apparition sur Terre de l’Homme tiré du “neant”, crée  d’emblée une distance naturellement infranchissable entre le Créateur et ses créatures sans le secours de la Grâce.

 

            Ici, entre en jeu une des catégories théologiques majeures de la vision romaine de l’Homme et du Monde, notamment le recours au “surnaturalisme” que le philosophe, M. Blondel, définit comme suit:

 

            « ce qui, procédant d’une condescendance gratuite de Dieu, élève la créature intelligente à un état qui ne saurait être ni réalisé, ni mérité, ni même conçu expressément par aucune force naturelle ».

 

            Le Dogme du Péché Originel et de la Rédemption

 

            Le Péché  des premiers Parents a rompu l’amitié originelle entre Créateur et créature, et l’Homme blessé par les effets du Péché Originel étant impuissant à rétablir seul de lui-même son lien premier avec Dieu, la médiation d’un Rédempteur s’impose entre eux.

 

            Le Christ s’est présenté en Médiateur devant son Père pour le Salut des Hommes. Il a accompli la Rédemption de tous les Hommes par son Sacrifice sur la Croix; Il donnait ainsi satisfaction à Dieu et méritait toute Grâce pour les Hommes.

 

            Le Dogme de l’Incarnation

 

            L’Histoire du Salut du Monde est donc celle du chemin parcouru par Dieu pour venir jusqu’aux Hommes.

 

            L’abîme qui sépare Dieu de l’Homme pécheur est franchi par l’unique Médiateur Jésus-Christ, venu pour accomplir la Rédemption. Un de la Trinité, le Fils Unique du Père, a pris la nature humaine au cours du temps par l’opération du Saint-Esprit dans le sein de la Vierge Marie.

 

            le Privilège de la Maternité Divine

 

            Stratégiquement parlant, Marie, dans le système salvateur que nous venons de décrire, y figure à la fois comme pur objet de la Grâce et non moins première sur le plan opérationnel à côté du Sauveur, son Fils.

 

C’est pourquoi, dès les premiers siècles de l’ère chrétienne, le rang éminent échu à Marie dans la hiérarchie de la Sainteté repose essentiellement sur cette affirmation centrale que Marie est Mère de Dieu.

 

            De cette affirmation découle le premier principe à prendre en considération pour organiser tout le donné marial.

 

            Le Dominicain Cajétan (1469/1534), commentateur de la Somme de Thomas d’Aquin, dit à ce sujet que

 

« Marie seule a touché par sa propre opération aux limites de la Divinité, quand elle a conçu, enfanté, engendré Dieu »

          

            Tous les traités classiques de Mariologie mettent en évidence  que le titre de “Mère de Dieu” réservé à Marie est la marque d’honneur dogmatique la plus élevée, distinction à laquelle nulle autre créature ne peut atteindre.

          

            Dans la scène de l’Annonciation relatée en Luc, le personnage de Marie trouve son éclat dans la révélation de sa vocation de Mère de Jésus selon la promesse de l’Ange Gabriel, paroles du traditionnel “Angelus” familières aux oreilles chrétiennes:

 

            « Voici, tu concevras et enfanteras un Fils, et tu lui donneras le nom de Jésus. L’Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre; c’est pourquoi l’enfant sera saint et sera appelé Fils de Dieu » (Luc 1/31 et 35)

 

            De même Elisabeth, le jour de la Visitation, accueillant Marie, sa cousine venue lui confier le secret de son état, a pour la future jeune mère cette parole d’admiration et de reconnaissance:             « Comment m’est-il donné que la Mère de mon Seigneur vienne à moi ? »(Luc 1/42)

 

            Ces deux faits de l’histoire biblique constituent aux yeux des fondateurs de la pensée chrétienne le double centre de leur construction théologique au cours des différentes périodes de son élaboration en ce qui concerne tant la personne de Marie que celle de Jésus.

 

            Les deux autres Privilèges de Marie

 

            Le caractère exhaustif de cette double salutation donne prétexte aux Théologiens adeptes des principes dogmatiques déjà brièvement esquissés, pour louer l’excellence de la Personne de Marie et l’unicité de sa destinée.

 

            Par sa Maternité Divine elle a acquis une telle dignité interne et contracté des relations si intimes avec le Logos Eternel, comme avec la Divinité d’une manière générale, qu’on doit faire dériver de cette grâce unique tous les autres privilèges attribués à Marie par la réflexion théologique au cours des âges.

 

            L’exemption de la Concupiscence et de tout Péché Personnel

 

            Marie a été, par un privilège spécial de Dieu, exempte dès sa conception de tous les mouvements de la concupiscence, autrement dit de tout péché personnel pendant toute sa vie.

 

            La Virginité Perpétuelle de Marie

 

            Marie a conçu du Saint-Esprit sans coopération humaine et enfanté un Fils sans dommage pour sa virginité, et resta également vierge après sa parturition.

 

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Deuxième Partie

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            La première partie de notre étude a été consacrée à suivre le fil conducteur qui dans le développement de la Théologie Mariale Romaine débouche sur le couronnement de Marie dans son Assomption.

 

            Avant d’entreprendre l’ébauche d’une vision différente, c’est-à-dire plus ouverte quant à notre propre entendement, d’une part, et plus pénétrante en faveur de la grandeur du rôle insigne de Marie dans l’économie du Plan Divin, d’autre part, il s’avérait judicieux de retracer , du moins succinctement et schématiquement, le contexte doctrinal dans lequel a évolué le développement de la Doctrine Mariale de l’Eglise Romaine.

 

            Il ressort nettement de cet exposé que Marie, en sa personne et sa mission, relève d’un Être d’exception unique en son genre, prédestiné à un sort extraordinaire par une Grâce tout à fait spéciale à nul autre accordée.

 

            En cela, la Théologie courante part d’une faveur divine exclusive pour faire de Marie “le Vase d’Election”, sans pareil, en pure gratuité et sans aucun antécédent autre que la divine pré science, susceptible d’expliquer ou de justifier cette prédestination.

 

            En voulant auréoler Marie de la sorte, on en a fait en définitive et pour ainsi dire une entité trop abstraite et quasiment soustraite aux lois impératives et communes de la nature.

 

            Ce portrait de Marie peut donner l’apparence d’un montage quelque peu artificiel à l’intérieur d’un système conceptuel, qui sur certains points s’avère plus ou moins étranger ou fort éloigné des données bibliques en notre possession.

 

            Portrait Apocryphe de Marie

 

            En effet, les promoteurs de la Mariologie consensuelle dans l’espace chrétien ne remontant jamais historiquement au delà de la scène de l’Annonciation pour supposer dans le passé de Marie une phase préparatoire et méritoire de l’aboutissement du choix que Gabriel vient proposer à l’humble Vierge de Nazareth.

 

            La littérature apocryphe nous parle bien de l’éducation quelque peu secrète de Marie à l’ombre du Temple dans la tradition des Saintes Familles Juives ayant préparé l’avènement du Maître Jésus.

 

            Si nous mettons en parallèle et synchronisons les deux destinées providentielles celle de Marie à la lumière de celle de Jésus, dans leur convergence en vue de l’apparition sur terre du Christ, nous comprenons aisément qu’un très long cheminement préparatoire ait pu précéder l’irruption de la Divinité sous le manteuu de la chair.

 

            Les Antécédents de Marie

 

            Bien sûr, pareille éventualité ne cadre guère ou nullement avec le regard que la Théologie jette généralement sur le déroulement de l’Histoire en la considérant d’un trait linéaire et confinée entre le Jour Biblique de la Création et le Jugement Dernier sensé mettre un terme définitif à l’espace-temps de notre Monde.

 

            Au contraire, nous estimons en conformité avec d’anciennes et vénérables traditions que la production du Cosmos se répète cycliquement d’éons en éons et évolue progressivement d’une dispensation à l’autre vers l’insaisissable fin des temps.

 

            Les aurores et crépuscules successifs qui ponctuent cet éternel recommencement obéissent à la puissance et au pouvoir d’émanation dans la forme de la Divinité désireuse, dans son mystérieux débordement d’Être et d’Amour, de communiquer à autrui sa Perfection.

 

            A notre avis, la trajectoire de Marie s’inscrit dans ce flot irrésistible du progrès graduel des êtres et des choses à travers les évènements taxés par habitude de providentiels dans le langage exotérique et appréhendés par les occultistes comme facteur d’ajustement et de rétribution karmiques.

 

            Anthropologie “Immanentiste”

 

            La        tendance naturelle au dépassement de soi se trouve inscrite secrètement dans le coeur de l’Homme comme un germe qui attend les conditions propices pour prendre racine dans le terreau de l’Âme, pousser au-dehors,  éclore et porter des fruits.

 

            La double salutation, adressée à Marie par l’Ange d’abord et par Elisabeth ensuite:

 

« Je Te saulue Marie pleine de grâce; le Seigneur est avec Toi; tu es bénie entre toutes les Femmes ! » (Luc 1/28 et 42)

 

fait, nous semble-t-il, précisément allusion à cette potentialité illimitée d’amendement de l’Homme lui permettant d’atteindre un jour le stade de la perfection.

 

            Il est donc clair que sur le plan anthropologique, c’est-à-dire en matière de science de l’Homme, notre Eglise s’inscrit en faux contre la vision séparatiste et débilitante de la condition humaine prônée comme base du Traité romain de la Grâce.

 

            A l’inverse, nous tenons pour plus probable que l’Homme, mû par le désir conscient et libre de sa libération définitive du retour cyclique en incarnation, est capable avec l’assistance gracieuse et solidaire des Êtres déjà réalisés de porter à pleine maturité, à travers son oeuvre et son destin personnels, le germe inviolable de la nature divine inhérente à son Esprit.

 

            En outre, nous pensons que cette alternative ne repose nullement sur le principe de l’exception ou du privilège, mais concerne toute Âme selon l’appel jadis intimé, par exemple, aux Prêtres-Lévites de l’Ancien Testament et repris dans une direction plus universelle en conclusion de son Sermon sur la Montagne par le Maître Jésus à l’intention de quiconque:

 

« Soyez parfaits comme votre Père Céleste est parfait » (Deut. 18/13 et Mat. 5/48)

 

            Non créé du néant, mais congénitalement émané du Divin Plérôme, l’Esprit individualisé de chaque entité est frappé du sceau de la Gloire Immortelle et porte en lui la promesse du Salut Eternel.

 

            Dans ce sens le Poème Biblique de la Création dit que « Dieu créa l’Homme à sa ressemblance, (qu’) à l’image de Dieu Il le créa » (Gen. 1/26 et 27)


  

            Initiation de Marie à la Maîtrise

 

            C’est à cette ressemblance pleinement réalisée dans l’Âme de Marie que l’Ange de l’Annonciation et la salutation d’Elisabeth font allusion par les mots mémorables qui confèrent à l’AVE MARIA, à l’ouverture de l’ANGELUS, retraçant l’épopée christique auxiliaire du Salut du Monde, sa hauteur et sa profondeur.

 

            Par ailleurs, la réponse de Marie dans le MAGNIFICAT, en écho à la salutation d’Elisabeth, s’est imposée dans la liturgie chrétienne comme la prière d’action de grâce par excellence.

 

            En réalité, Marie, sous les accents de cette magnifique hymne, nous livre le secret de son allégresse qu’elle appelle elle-même  « son exaltation dans le Seigneur » (Luc 1/46)

 

            Marie, par les mérites de sa vertu, au sens de la force et du pouvoir spirituels développés sur le sentier du Discipulat, a sans doute focalisé l’attention de la Hiérarchie sur le degré avancé de Sainteté de “l’humble Servante de Nazareth”.

 

            Marie elle-même nous confirme son élection par ces mots :  « Le Seigneur a regardé l’humilité de sa Servante » (Luc 1/48 et 49)    

 

            Par “humilité” il faut entendre dans ce contexte initiatique “l’abaissement” du Disciple, c’est-à-dire la soumission joyeuse de la personnalité au service du Plan Divin.

 

            Le Fiat de Marie

 

            Cependant, l’avancement et l’ampleur de ce processus du développement des puissances de l’Âme et des pouvoirs de l’Esprit sont tributaires de la liberté et volonté  de chaque jardinier, en l’occurrence de chaque porteur de la Divine Semence, la Monade Humaine.

 

            C’est précisément à cette faculté d’initiative et volonté d’adhésion que Marie obéit, lorsqu’Elle confirme son libre consentement à l’Archange Annonciateur :  « Voici la Servante du Seigneur; qu’il me soit fait selon ta parole ! » (Luc 1/38)

 

            Le Secret de la Virginité de Marie

 

            C’est également dans cette optique qu’il faut comprendre “la Virginité de Marie”, autrement dit la sublimation par son Âme des limitations de la forme dans laquelle elle vit “le dharma” de sa maternité.

 

            La Virginité vue sous cet angle ne ressort pas essentiellement d’une catégorie morale ou de la notion d’intégrité biologique; aspects mineurs dans lesquels l’a trop étroitement enfermée une éthique religieuse étriquée.

 

            La question de savoir si Marie était vierge dans l’ordre physique, avant, pendant et après la conception et l’enfantement de Jésus, ne suscite donc que peu ou nul intérêt, si nous plaçons l’état de virginité sur le plan opératif de la transformation de l’inférieur en supérieur.

 

            Toujours en rapport avec la phase cachée de l’histoire de “la Sainte Famille”, le récit de la Présentation de Jésus au Temple, telle qu’elle est relatée dans l’Evangile de Luc, nous renseigne à demi-mot sur l’appartenance probable de Marie et de Joseph à une Confrérie vouée plutôt au maintien et à la promotion du courant mystique au sein des pratiques  du Temple.

 

            L’existence, historiquement à peu près contemporaine, de la Communauté monastique de Qoumrân dans le désert aux portes de Jérusalem, qui plus est ayant rompu avec l’autorité ecclésiastique du Temple pour explorer les pistes plus ésotériques du patrimoine juif, milite en faveur de l’appartenance de Marie et des siens à un mouvement de tendance similaire.

 

            L’Ecriture Sainte semble assimiler à la même famille spirituelle  « Syméon, un homme juste et pieux qui attendait la consolation d’Israël et sur lequel reposait l’Esprit-Saint » (Luc 2/25 et 26)

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